Servais, Félix : Le Duc de Saint-Firmont

En 1906 paraît l’unique œuvre de Félix Servais (1873-1916), la pièce en vers Le Duc de Saint-Firmont. Lors des deux représentations qui se tiennent au Théâtre municipal de Luxembourg, l’auteur incarne lui-même son protagoniste, Arnould de Saint-Firmont. À l’aube de ses vingt ans, le jeune noble s’oppose ardemment à l’idée d’un mariage arrangé. La comédie en trois actes et en alexandrins, qui se déroule au XVIIIe siècle mais qui est irriguée d’influences classiques, romantiques ou encore décadentes, reflète avant tout la posture existentielle et esthétique d’un être incompris qui clame son droit à l’excentricité. La réédition présentée et commentée par Ludivine Jehin permet de contextualiser une pièce atypique au regard de la production littéraire (inter)nationale de son temps, et dont la singularité réside dans une subversion hybride de son propre cadre. Elle met aussi en lumière le parcours tragique de Félix Servais, un jeune homme de bonne famille marginalisé en raison de son homosexualité, un juge destitué de ses fonctions pour affaire de mœurs, un dandy aux goûts ruineux qui court à sa perte et un écrivain exilé à Bruxelles pendant près de dix ans auquel le Duc emprunte nombre de ses conflits et contradictions.